mercredi 9 décembre 2020

ELECTRIQUE 1

Les harpes électriques ! Sujet passionnant. Mais difficile à explorer, vu le prix des instruments. Pour des luthiers amateurs, construire des harpes électriques semble très technique et hors de portée.

Les instruments proposés sont tous équipés de capteurs piézo-électriques spéciaux, pas faciles à trouver, chers et délicats à mettre en oeuvre. Le son est "un son de piézos" comme disent, de façon plutôt péjorative, bon nombre de harpistes...

Mais il y a une autre approche, historiquement bien plus ancienne, qui n'a peut-être pas été assez développée jusqu'ici, et qui est à la portée du luthier bricoleur que je suis : s'inspirer de l'instrument électrique par excellence, la guitare !

J'ai eu envie d'essayer. D'abord, acheter une guitare électrique (chinoise) en promo sur le net chez Gear4 Music : dans les 80€ port compris. J'ai vu la même chez Cultura vendue plus de 130€...

Démonter et récupérer les composants: barrettes de micros magnétiques, potentiomètres, prise jack.

Sur une guitare il y a en général trois barrettes de micros. 3X6= 18 : pas beaucoup de cordes pour une harpe ! Mais ça ira bien pour un prototype. 

Ces micros magnétiques ne fonctionnent qu'avec des cordes en acier, une Telenn Dîr donc...Ce sont des single coils à simple bobinage, les plus simples et les plus sonores mais il faut une bonne mise à la terre pour éviter le hum...

Une contrainte un peu gênante: sur la guitare, les espacements entre cordes sont assez réduits; 11mm entre les micros. Un peu juste pour les harpistes, sauf si l'on a l'habitude de jouer avec les ongles. La solution adoptée ici est assez originale, et historique ! Les cordes ne sont pas parallèles mais disposées en éventail; elles sont espacées de 11mm au niveau des micros, puis s'écartent pour offrir des espacements plus généreux, avec plusieurs géométries de jeu possibles.

Les lyres antiques et les clarsach gaéliques sont construites ainsi, avec des cordes en éventail.

Comme les espaces sont très réduits en haut, impossible d'y mettre les chevilles. Il faut donc inverser: mettre les chevilles en bas, en l' occurence des mécaniques de guitare, bien plus commodes (et moins chères !).

Je vous passe les détails: voilà quelques images de l'engin:

 


Détail de la "console" (avec, pour l'instant, les cordes attachées à l'arrache...)



On voit bien comment sont placés les micros et les deux potentiomètres, Volume et Tonalité. La "table" inférieure :

 


 

Avec au milieu une barre (tige filetée) destinée à reposer sur les genoux du harpiste...assis dans son rocking chair !

Le côté face est assez présentable, mais l'autre est encore en chantier : connexions un peu brouillon, soudures provisoires...



Enfin, le bas avec la prise jack:


 

J'ai supprimé le sélecteur de barrettes puisque sur une harpe toutes les cordes doivent être activées ensemble.

Je me suis interrogé sur l'utilité des potentiomètres de volume et de tonalité, "ces trucs qu'on règle toujours à fond..." comme disent les guitaristes, étant donné que le volume et la balance des graves et des aigus peuvent bien mieux se régler directement sur l'ampli. Je les ai déconnectés; les micros sont donc branchés sur le jack de sortie : échappement libre ! Du coup le circuit électrique devient vraiment simplissime.

Vous vous demandez comment tout ça peut sonner ? Sur un petit ampli combo de guitare, je trouve le son clair, puissant, avec un sustain impressionnant.

Avec ce type de harpes, on peut adapter les périphériques prévus pour la guitare, qu'on trouve partout : pédales d'effets, pédale wouah wouah, loop...etc. De quoi faire bien des expériences sur le son !

Un vaste territoire à explorer. Une 24 cordes est sur la planche à dessin...