mercredi 28 novembre 2012

GILDAS JAFFRENNOU


Voilà déjà plus de deux ans que je cherche désespérément A QUI APPARTIENNENT LES DROITS de ce livre mythique  de Gildas Jaffrennou :



 VRAIMENT UTILE  à tous ceux qui veulent construire une harpe celtique.
L'édition originale est épuisée depuis longtemps, et la maison d'édition Allied n'existe plus depuis vingt ans... Aux Etats Unis, RHS (Robinson's Harp Shop) en avait fait dans les années 90 un retirage d'une centaine d'exemplaires, mais il n'en reste plus aucun de disponible actuellement.

 Cet ouvrage doit être remis à la disposition des luthiers, amateurs comme professionnels.Certains (longs) extraits en circulent déjà sur le net... Je pense que Gildas serait heureux de savoir que nous ne l'oublions pas, et que son travail est toujours largement actuel.

 J'aimerais donc en proposer une version PDF à télécharger pour un prix modique, ou un petit tirage, selon la demande.
 MAIS IL ME FAUT RETROUVER LES AYANT-DROITS DE CE LIVRE  c'est à dire la famille de Gildas.

Ils doivent bien être quelque part ?

Je lance donc cette annonce de plus...

Si quelqu'un peut me donner une piste, grand merci !


COURBES (I)


Dans l'un des trop rares articles de Gildas Jaffrennou publiés, en français, dans la revue Telennourien Vreizh  (N°3), on peut lire ceci :

"Il est donc absolument indispensable de soigner la construction de la console. En premier lieu, bien choisir le morceau de bois. Il ne faut surtout pas le prendre trop près de l'aubier.Il ne faut pas non plus que le fil soit trop droit. L'idéal serait de trouver une pièce de bois dont le fil correspondrait à peu près à la courbure de la console. Les fabricants de bateaux de pêche en bois connaissaient bien ce problème quand ils choisissaient le madrier pour découper l'étrave en chêne. Ils faisaient scier une grosse branche courbe par un scieur de long. Hélas, de nos jours, les scieries n'aiment pas faire ce travail et les grosses branches courbes sont débitées en rondins pour faire du bois de chauffage..."

On ne saurait mieux résumer ce paradoxe que l'on rencontre, aussi bien dans la charpente navale que dans la facture de harpes:  faire du courbe avec du droit....
 Dans les scieries, tout ce qui n'est pas susceptible d'être débité à la scie à grumes est écarté, donc toutes les pièces courbes, qui sont précisément celles qui nous conviendraient, à nous autres, avec nos formes arquées et compliquées.
On se retrouve donc à essayer de façonner consoles et piliers avec des bois droits, ce qui ne comporte que des inconvénients.
Le fil ne peut suivre ces courbes, il est donc coupé à plusieurs endroits, quelquefois très court; cela fragilise gravement en particulier les consoles qui présentent une courbure marquée.
 D'où nécessité de développer toute une stratégie de renforcements, à l'efficacité aléatoire : plaques métalliques, construction sandwich en plusieurs épaisseurs contrecollées (avec le fil orienté différemment), renforts sous la console avec lamelles de bois ou fibre de carbone...etc.
Toutes ces complications disparaîtraient comme par enchantement si l'on avait accès à du bois présentant d'origine un fil orienté suivant la courbure naturelle de ces branches méprisées par les scieries...
(à suivre).


mardi 27 novembre 2012

COURBES (II)


Un avantage  aussi, pour les écolos : on n'est plus obligés de couper des arbres, de dévaster des forêts: une simple taille d'émondage peut nous fournir les pièces dont nous avons besoin: l'arbre restera vivant même quand la harpe sera finie.
Enfin, des pièces taillées dans du bois massif courbe, en suivant le fil du bois, restent souples, déformables, l'idéal pour produire un son de qualité, alors qu'une construction "sandwich" rend console et pilier "bloqués", incapables de la moindre souplesse. Et que dire des plaques métalliques...
Cela permet aussi de tirer partie de bois qui ne sont jamais utilisés, justement parce qu'ils n'ont que des branches biscornues: je pense au chêne vert (yeuse), bois excellent, mais aussi à l'olivier, l'amandier, les cornouillers, saules, sumacs...etc.
De nouveaux bois pour de nouvelles expériences sonores .
Bien sûr, on aura peut être du mal à trouver "toutes faites" dans la nature des formes de consoles un peu complexes, encore que, mais on peut souvent faire simple. Quelques recherches et expérimentations dans ce domaine devraient se révéler fructueuses.

Techniquement, débiter des pièces dans des bois courbes ne devrait pas présenter de difficultés insurmontables, surtout à notre échelle. Il ne faut en fait pas beaucoup de bois pour faire une harpe, beaucoup moins que pour une commode Louis XVI ou même une niche à chien... L'outil idéal, il me semble, est la tronçonneuse, ou plutôt la "gruminette", "scierie portative", "prennobette", et autres appellations.
 Ce système permet de débiter, en petite quantité, et pas très vite, planches, madriers, bouts de bois en tous genres,  et sur le lieu même d'abattage ; donc pourquoi pas des pièces courbes...?
Ce dispositif se fixe sur une tronçonneuse; il y en a de tout faits, fort chers, et on peut aussi en bricoler un...
Sur le catalogue canadien de Lee Valley on trouve des modèles de bonne marque, et à des prix raisonnables, même en rajoutant les frais de port...

Une fois taillée une face bien plane, l'autre s'obtient soit avec le même outil, soit par rabotage jusqu'à épaisseur voulue. Les faces latérales peuvent alors être découpées à la scie sauteuse ou à la scie à ruban comme d'habitude.

Vous avez deviné ce que le père Noël va m'apporter cette année !


PALETTES ENCORE...


Mon amie Valérie Patte a réalisé un tableau comparatif de quelques systèmes de palettes, parmi les plus utilisés. Je ne résiste pas au plaisir de le mettre en ligne : téléchargeable ici (clic)
Faites-en bon usage !

dimanche 4 novembre 2012

DANS LES PAS DE COUSINEAU (I)


"Palettes", "leviers" permettent d'augmenter une note d'un demi ton, voire de deux avec le système particulier (mais équivalent) des harpes à pédales. Ces mécanismes réduisent la longueur vibrante d'une corde, comme sur les guitares, mandolines et autres violons.

 Il y a cependant une autre approche possible pour hausser une note d'un demi ton.
 Plutôt que de réduire la longueur vibrante d'une corde, on peut en augmenter légèrement la tension, avec un dispositif ad hoc : c'est ce que l'on fait sur les harpes qui ne disposent pas de palettes: on change de gamme en tournant les chevilles directement.
Il suffirait donc, en théorie, d'installer sur les chevilles un dispositif qui permettrait de les faire tourner JUSTE ASSEZ pour augmenter la tension de la valeur voulue et obtenir ainsi l'altération recherchée.

Beau programme ! L'idée n'est pas neuve : elle a été mise en oeuvre à la fin du XVIII ème siècle par un luthier parisien, génial et modeste, grand harpiste en son temps, Georges Cousineau.
Quelque harpes magnifiques équipées de ce système * subsistent encore: Celle de Joséphine de Beauharnais, harpiste à ses heures, conservée à la Malmaison. Un autre exemplaire appartenait à Sébastien Erard, qui aimait bien emprunter les idées de Cousineau (sans le nommer!) et avait d'ailleurs construit un prototype sur le même modèle, mais pour élever la note d'un demi-ton ou d'un ton entier...déjà moins simple !
 Alexandre Budin, luthier bien connu, a entrepris d'en restaurer une autre (a-t il terminé ?) et a publié sur Facebook une série de photos qui permettent de se rendre compte de la complexité relative du système, et d'en entrevoir le mécanisme.
Hélas, malgré plusieurs perfectionnements, ce système ne fonctionnait pas comme il aurait dû, et les demi-tons devenaient rapidement faux; ces changements continuels de tension  modifiaient très vite l'élasticité de la corde, surtout avec les cordes en boyau de l'époque.Cousineau lui même finit par abandonner cette idée et en expérimenta d'autres, dont une harpe à 14 pédales qui est l'ancêtre direct de la harpe de concert "à double effet" actuelle.
(à suivre)

* Voir Dagmar Droysen-Reber, « Die Cousineau-Harfe mit den ‘chevilles tournantes’ », Musica instrumentalis 3, 2001, pp. 129-137.




samedi 3 novembre 2012

DANS LES PAS DE COUSINEAU (II)


La cheville tournante n'est pas le seul moyen d'obtenir une modification de la tension d'une corde.
Sur les instruments de la famille du violon, on utilise couramment des "tendeurs" mécaniques, fixés sur un cordier spécial, et qui permettent de modifier quelque peu l'accord sans toucher à la cheville :



Un tel système pourrait être installé sur des harpes, mais y serait-il vraiment utile ?
Plus intéressant : la mécanique de guitare ou de banjo pour remplacer la cheville, comme sur les harpes paraguayennes, et certaines celtiques américaines.
Il devient plus simple et plus rapide, avec ces mécaniques, de modifier légèrement la tension d'une corde, même en cours de jeu.

On pourrait imaginer bien sûr d'autres solutions; mais il y a une qui a largement fait ses preuves (c'est là que je voulais en venir, après quelques détours...) , c'est la technique de la perle !

Voilà quelque chose de vraiment simple, utilisé depuis toujours sur certains instruments indiens, comme la Vina, le Sitar, le Sarangi : une perle en bois (en ivoire, en plastique), de bonne taille, glissée dans la corde entre la cheville et le sillet, et qui coulisse sur la console; en se rapprochant de la cheville, la perle tire la corde vers le haut, et sa tension augmente donc de façon significative. Quelques images :


Deux perles en haut du manche sur les cordes mélodiques d'un sitar.


Deux autres (dont une en forme de cygne !) en bas de table, entre le chevalet et le cordier.


Pas mignon ?
(à suivre)

vendredi 2 novembre 2012

DANS LES PAS DE COUSINEAU (III)


Pour que ce système soit adaptable aux harpes, il faut en modifier légèrement la console:
 La cale d'épaisseur va permettre à la perle de glisser en modifiant la tension de la corde . Une distance de quelques dix centimètres devrait suffire, après expérimentation sur un monocorde bricolé pour la circonstance, pour obtenir un demi ton :


Sur cette vue en coupe de la console, on voit que tous ces éléments doivent être disposés avec précision, de façon à assurer une augmentation de tension suffisante, facilement réglable et repérable.
 Si ça fonctionnait bien, ce système aurait de grands avantages :

-La corde ne subirait aucun déplacement, ni vers le côté, ni vers le haut, comme c'est souvent le cas avec des palettes.

-Sa vibration ne serait perturbée par rien...comme sur une harpe sans palettes.

-Le glissement pourrait être utilisé en cours de jeu pour obtenir des intervalles subtils, et un effet "guitare hawaïenne" impossible d'habitude. Une butée (réglable) permettrait d'obtenir le demi ton rapidement.
 
-L'ensemble du dispositif ne coûterait presque rien...

 J'y pense depuis longtemps, et  pour l'expérimenter, je vais mettre à l'étude  une  petite 22 cordes. A suivre donc !

jeudi 1 novembre 2012

TRACER UN PLAN DE CORDES


Le premier travail de celui qui veut construire une harpe est d'en tracer le plan de cordes: toujours commencer par là ! On peut utiliser un plan tout fait, comme celui que j'ai tracé pour ma traduction du livre de Jerry Brown ; mais on peut aussi, et c'est mieux, apprendre à le tracer soi-même. Ce travail n'est pas difficile, avec un peu de soin et de patience.
C'est tout simplement une série de traits verticaux, qui représentent les cordes de l'instrument vu de côté:


Il s'agit seulement d'espacer correctement ces traits.
 Dans ce domaine, comme dans bien d'autres (c'est un des charmes de la harpe !) il n'y a pas de norme bien définie, chaque luthier fait un peu à son idée et en fonction de ce qu'il veut construire.

Sur la plupart des harpes celtiques, on a dans les aiguës des espaces à partir de 13mm, pour aller progressivement vers 15 ou 16mm dans les graves; c'est ce que je recommande pour ce type de harpes. De même pour la "Llanera" (mais pas pour les Paraguayennes !). Les cordes sont strictement parallèles.

Sur les "clarsach" les cordes sont plutôt disposées en éventail, et les espacements beaucoup plus réduits, de 10 à 11mm à 12 ou 13. Sur les "gothiques" on a des cordes parallèles espacées de 11mm, sans différence marquée entre aiguës et graves...etc.
Tout, ou presque, est donc possible. En revanche, la technique du traçage est toujours la même :

On prend une grande feuille de papier un peu costaud, genre kraft blanc, d'environ 2m X 80cm.
On fixe provisoirement cette feuille sur un plateau en CP ou compressé de 2mX1m, que l'on pose sur deux tréteaux: le plan de travail est fait. Il est important d'avoir bien la place de tourner autour.
Il faut :
-Une grande règle (1m50) bien droite, que l'on peut faire, par exemple, avec un profilé aluminium de 2m de long sur 2 à 3 cm de large.
-Une règle graduée en cm et mm.
-Un stylo à bille ou freutre noir, fin, PEU BAVEUR.
Même si l'on veut construire une 22 cordes, il est avisé de préparer un plan pour 36, qui pourra resservir à l'occasion.
On peut commencer soit par les aiguës, soit par les graves: va pour les graves.
En se plaçant sur le bord droit de la feuille, on trace, à environ 10cm du bord gauche un premier trait continu, sur toute la longueur de la règle: c'est notre note la plus grave.
A droite de ce trait, on mesure l'espacement choisi, on le reporte en haut et en bas et on le matérialise par deux points. On relie (avec soin et précision !) ces deux points par un nouveau trait... et on progresse ainsi vers les aiguës, sans jamais poser la règle sur le trait précédent, pas encore bien sec.
On peut, par exemple, adopter les espacements suivants pour un jeu "confortable":

C2 à C3   : 16mm
C3 à C4   : 15,5mm
C4 à C5   : 15mm
C5 à C6   : 14,5mm
C6 à C7   : 14mm

Il est prudent de noter au fur et à mesure de la progression à quelle note correspond chaque trait tracé, pour ne pas s'emmêler dans les espacements, ou oublier des cordes...
Bref, en procédant avec méthode et précision, on obtient un plan correctement tracé qui va nous être de la plus grande utilité pour dessiner ensuite, sur un calque, notre (nos) instrument(s); le calque permet de se resservir de ce plan de cordes indéfiniment, tant qu'on utilise les mêmes valeurs d'espacements.